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Chine-UE : sagesse pour gérer les différends

LU SHAYE • ambassadeur de Chine en France

L’année 2024 marque le 60e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la France, et le 20e anniversaire de l’établissement d’un partenariat stratégique global entre les deux pays. La Chine et la France travaillent main dans la main depuis 60 ans, et en tant qu’économies importantes dans le monde, les deux parties coopèrent dans un esprit gagnant-gagnant et ont réalisé de grands progrès dans l’économie, le commerce, et la culture. Les relations entre les deux pays sont ainsi depuis longtemps au premier plan des relations entre la Chine et les pays occidentaux. 

Exposition d’art sino-française « Wuhan · encre et papier » au CapitaLand West City de Wuhan (Hubei), le 7 juin 2024 

Maintenir la dynamique de développement des relations Chine-France 

Je suis ambassadeur de Chine en France depuis cinq ans et les relations sino-françaises ont maintenu une dynamique de développement positive et constante. Elles jouent un rôle de premier plan dans les relations Chine-UE et donnent une impulsion au maintien de la paix et de la stabilité dans le monde et fournissent des réponses aux défis mondiaux. 

Cette année marque le 60e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la France. Quelle que soit l’évolution de la situation internationale, la tradition diplomatique d’indépendance de la Chine et de la France ainsi que la nature de la coopération mutuellement bénéfique et gagnant-gagnant n’ont pas changé, et les deux parties ont toujours en commun la poursuite de l’équité, de la justice et du développement pacifique. 

En mai de cette année, le président chinois Xi Jinping a effectué sa troisième visite d’État en France. Lors de cette visite, les deux chefs d’État ont eu de longs entretiens, de nature stratégique sur des questions majeures et urgentes allant de l’Orient à l’Occident, ainsi que sur l’histoire et l’actualité. Les deux parties ont publié quatre déclarations conjointes sur la situation au Moyen-Orient, l’intelligence artificielle et la 

gouvernance mondiale, la biodiversité et les océans, ainsi que sur les échanges et la coopération dans le secteur agricole, et signé près d’une vingtaine d’accords de coopération, démontrant une fois de plus le profond héritage, la vitalité et la valeur unique des relations Chine-France. 

La Chine et la France peuvent changer le monde ensemble, ce qui a été vérifié à plusieurs reprises au cours de ces 60 dernières années. 

Se tournant vers l’avenir, les deux pays doivent éliminer les interférences, bâtir une relation sino-française caractérisée par la confiance mutuelle, la stabilité, l’intégrité, l’innovation et la responsabilité dans la nouvelle ère, et répondre aux facteurs d’incertitudes dans le monde par la stabilité stratégique et le caractère prospectif des relations sino-françaises. 

Pour répondre aux défis mondiaux, la partie chinoise est disposée à approfondir la coopération avec la France dans des domaines tels que le changement climatique et la biodiversité, à renforcer le dialogue dans des domaines tels que la gouvernance mondiale de l’intelligence artificielle et la réforme du système financier international, à prévenir conjointement la « nouvelle guerre froide » et la confrontation des blocs, et à promouvoir un monde multipolaire équitable et ordonné. 

La coopération Chine-France repose sur le gagnant-gagnant 

Au cours des 60 années qui se sont écoulées depuis l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la France, le volume des échanges commerciaux bilatéraux a été multiplié par 800 et la Chine est devenue le plus grand partenaire commercial de la France en dehors de l’UE. Les économies des deux pays ont noué une forte relation symbiotique et d’interdépendance. 

L’UE a récemment adopté un certain nombre de mesures correctives commerciales à l’encontre la Chine et la thèse de la prétendue « surcapacité de la Chine » prolifère. 

Si les États-Unis et l’UE fermaient leurs marchés à la Chine, la capacité de production de la Chine serait alors « excédentaire ». Si la concurrence est ouverte, la capacité de production dans les industries vertes de la Chine ne sera non seulement plus excédentaire, mais elle sera aussi insuffisante. Si les États-Unis et l’UE veulent atteindre les objectifs en matière de décarbonation et de transition énergétique fixés lors de la COP28, il leur sera impossible de le faire sans la capacité de production de la Chine. 

Nous pensons que la Chine et la France doivent s’opposer ensemble à ce que les questions économiques et commerciales soient politisées, abordées sous le prisme idéologique ou traitées avec un usage abusif de la notion de sécurité. Le règlement des frictions commerciales doit se faire dans le cadre commercial et les deux parties doivent gérer correctement les différends économiques et commerciaux par la consultation et prendre en compte les préoccupations légitimes de l’autre. Le gouvernement chinois s’est toujours engagé à promouvoir une ouverture de haut niveau sur le monde extérieur, à s’aligner de manière proactive sur les règles économiques et commerciales internationales de haut niveau et à élargir progressivement son ouverture institutionnelle. 

L’économie chinoise est actuellement profondément intégrée à l’économie mondiale et elle promeut un développement de haute qualité en se concentrant sur l’accélération du développement de nouvelles forces productives de qualité. Cela offrira un marché plus large à la France et au monde entier, et apportera davantage d’opportunités en termes de coopération gagnant-gagnant. 

La Chine et la France partagent de nombreux intérêts communs et un espace de coopération immense dans les domaines de la transition verte et numérique. Actuellement, la Chine développe de nouvelles forces productives de qualité dans le cadre de sa transition numérique et verte, tandis que la France promeut une « réindustrialisation » reposant sur l’innovation verte. Les deux pays peuvent devenir des partenaires clés dans la coopération économique et commerciale, des partenaires prioritaires dans la coopération scientifique et technologique, et des partenaires de confiance dans la coopération en matière de chaînes de production et d’approvisionnement. La Chine a entièrement libéralisé l’accès au secteur manufacturier et accélérera l’accès au marché dans les secteurs des télécommunications, de la médecine et d’autres services. Elle accueillera davantage d’entreprises françaises souhaitant investir en Chine. Par ailleurs, sur la base du principe de réciprocité, la Chine souhaite que la France prête attention aux préoccupations légitimes et raisonnables de la Chine et offre aux entreprises chinoises un environnement commercial ouvert, équitable et non discriminatoire, et leur fournisse des anticipations stables en termes de développement. 

La coopération Chine-UE offre d’énormes opportunités 

Depuis quelque temps, l’UE parle incessamment d’« atténuation des risques » et de « réduction de la dépendance » vis-à-vis de la Chine. À cet égard, il faut d’abord clarifier qui est à l’origine des risques. Depuis longtemps, ce sont les États-Unis qui perturbent l’ordre économique mondial et font peser de graves risques sur la paix, la stabilité et la prospérité du monde, et non la Chine. 

Chacun sait que la division industrielle internationale et l’intégration profonde des intérêts de toutes les parties sont des lois et des tendances objectives. La Chine a acquis une position de leader mondial dans un nombre croissant de domaines industriels. La coopération avec la Chine génère des opportunités énormes, et ne présente pas de risques. Inciter à une « désinisation » sous couvert d’une « atténuation des risques » constitue le risque le plus important. 

La guerre commerciale menée par les États-Unis contre la Chine prouve que le recours abusif à la notion de sécurité revient à s’autoconsoler, à se voiler la face, à se limiter et à rechercher des problèmes là où il n’y en a pas. En fin de compte, cela limitera ses propres avancées technologiques et nuira au pouvoir d’achat de sa propre population. Dans les faits, atténuer les risques signifie atténuer la coopération et atténuer les opportunités. En entraînant leurs alliés pour contenir le développement de la Chine, les États-Unis ne leur apporteront rien de bon. Cela permettra seulement de sacrifier les intérêts de leurs alliés pour maintenir leur position hégémonique. 

L’UE promeut actuellement la « réindustrialisation » basée sur l’innovation verte. La France sera le pays invité d’honneur à la Foire internationale du commerce des services de Chine 2024 et à la 7e Exposition internationale d’importation de la Chine. Il existe un énorme espace de coopération entre la Chine et la France ainsi qu’entre la Chine et l’UE en matière de transition verte et numérique. Les deux parties ont la capacité et la responsabilité de gérer correctement les différends économiques et commerciaux par le dialogue et la consultation, de répondre aux préoccupations légitimes de chacune, d’explorer de nouveaux pôles de croissance pour leur développement respectif par la coopération, et de promouvoir conjointement une mondialisation économique inclusive.

(Version éditée de l’interview de Lu Shaye donnée à International Finance News) 

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