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Que nous indique la visite de Nancy Pelosi à Taïwan ?

À l'évidence, la visite à Taïwan de Nancy Pelosi, Présidente de la Chambre des Représentants américaine, à été faite en violation des règles protocolaires internationales, au-delà du simple mépris de la reconnaissance pourtant plusieurs fois réaffirmée par l'administration américaine, du principe d'une seule Chine.

Le Ministère Chinois des Affaires étrangères a réagi de façon très vigoureuse en rappelant aux États-Unis leurs engagement.

En France, l'Ambassadeur Lu Shaye a fait une mise au point très claire et sans concessions.


Les États-Unis nous ont habitués de nombreuses fois à leurs tentatives en catimini de remettre en cause cette ligne rouge que la Chine est obligée à chaque fois de rappeler avec vigueur.


Par exemple il y a quelques mois, en retirant cette reconnaissance du site officiel du Département d'État, finalement remise en ligne après protestation officielle de la Chine.


Cette fois-ci, le Président Joseph Biden et le Secrétaire d'Etat Antony Bliken ont fait mine de mettre en garde Nancy Pelosi sur le bien fondé de sa visite, tout en rappelant que la position américaine n'avait pas changé.


Mais le résultat, c'est que la visite a bien eu lieu, qu'elle a fait couler beaucoup d'encre, ce qui était en fait le seul effet recherché : faire savoir au monde et aux forces séparatistes à Taïwan que c'était seulement du bout des lèvres et contraints par des engagements qu'ils jugeaient de moins en moins légitimes, que les États-Unis étaient obligés de ne reconnaître qu'une seule Chine.


Le message étant passé, les États-Unis auraient montré à leurs alliés qu'ils étaient toujours prêts à soutenir leurs alliés qui voulaient rejoindre le "monde libre".


Le discours de Nancy Pelosi auprès de Tsai Ing-wen était d'ailleurs d'une grande banalité : aider Taïwan pour améliorer la sécurité, la prospérité et la démocratie. Que pouvait-elle dire de plus ? La photo était plus importante que le discours.


Il faut sans doute examiner ce "voyage d'agrément" sous d'autres angles, pas tant à destination de Taïwan et de la Chine que de deux autres publics.


1. Au niveau international.

Le retrait précipité d'Afghanistan et les sacrifices colossaux à venir cet hiver demandés aux partenaires européens de l'OTAN dans la guerre contre la Russie, alors que les États-Unis, eux, vendent leurs armes et leur gaz de schiste, nécessitaient de montrer au monde "qui est encore le patron".


Cette visite en terre chinoise était un prétexte pour montrer que les États Unis n'avaient pas l'intention d'abandonner un seul territoire à leur influence.

Est-ce un hasard ? Ils frappaient justement en Afghanistan le même jour le chef d'al-Qaïda désigné comme responsable des attentats du 11 septembre.


2. Au niveau intérieur américain

C'est peut-être là le véritable enjeu de cette visite.

Le 8 novembre prochain, se tiennent aux États-Unis les élections à mi-mandat avec, notamment, le renouvellement de la Chambre des Représentants que préside justement Nancy Pelosi, assise sur une très faible majorité du Parti Démocrate.


Tant à titre personnel pour conserver sa fonction que pour tenter d'éviter un basculement, que beaucoup anticipent, côté républicain de la Chambre Basse, la visite à Taïwan de Pelosi peut s'inscrire dans un objectif de mobilisation de l'électorat démocrate sur le message de campagne de Joseph Biden "America is back".


Mais finalement, sauf événement imprévu, il est peu probable que la visite de Pelosi à Taïwan débouche dans l'immédiat sur l'ouverture d'un deuxième front militaire à l'est de l'Eurasie


Vladimir Poutine avait lancé "l'opération spéciale" en Ukraine le 24 février, le lendemain de la Fête de l'Armée russe.


La Chine lancerait-elle la réunification militaire de Taïwan quelques jours après la Fête de l'Armée Populaire de Libération le 1er août ? Pas cette année, je pense.


Jean PEGOURET

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