Le 11 avril 2025, une rencontre littéraire a montré que les mots peuvent relier les continents.
Dans un monde de plus en plus fragmenté, où les tensions géopolitiques risquent de brouiller les liens entre les peuples, le dialogue culturel demeure un espace précieux. Un espace pour se comprendre autrement, par-delà les différences de systèmes, de langues, de récits. Le 11 avril dernier, dans le cadre du Festival du Livre de Paris, une rencontre exceptionnelle a illustré cette réalité avec force.
Trois auteurs chinois et trois auteurs français ont partagé la scène. Ce n’était pas un simple moment littéraire. C’était un geste de paix. Une invitation à l’écoute réciproque. Un tissage patient entre Chine et Europe. Et cela a été rendu possible par le travail exigeant et discret d’une maison d’édition indépendante, La Route de la Soie – Éditions, qui croit profondément que le livre peut être un levier pour la compréhension entre les cultures. L’animation a été menée par Geifei Xu directrice du CNPIEC France. Et elle a su finement éclairer le monde littéraire par sa générosité et sa bienveillance à l’égard des écrivains.
Des voix croisées, des regards partagés
Le format était simple : un auteur chinois face à un auteur français, non pas dans une logique de confrontation, mais dans un esprit d’hospitalité intellectuelle.
Alexandre Arditti et Mai Jia ont ouvert la marche. Arditti, avec L’Assassinat de Mark Zuckerberg, propose un roman haletant qui interroge le pouvoir des géants du numérique et la perte de repères dans les sociétés occidentales. Face à lui, Mai Jia, maître chinois du roman d’espionnage et de la cryptographie littéraire, a rappelé que le code est aussi une métaphore des relations humaines. Tous deux, chacun à leur manière, ont montré que les enjeux technologiques traversent les sociétés, et appellent une réflexion partagée.
Frédéric Vissense, avec son roman Bioutifoul Kompany, décrit les dérives managériales dans une entreprise futuriste, à la frontière du réel et de la dystopie. Face à lui, Liu Zhenyun, figure majeure de la littérature chinoise contemporaine, a parlé de l’absurde quotidien, des fractures sociales, de l’observation attentive des petites voix du peuple. Ce dialogue entre satire occidentale et ironie chinoise a fait surgir une évidence : nous partageons des défis communs, malgré nos différences d’histoire.
Enfin, Sébastien Quagebeur, poète et romancier, a rappelé une chose essentielle : « La poésie est la langue première ». Un souffle, une mémoire du vivant. Zhao Lihong, immense poète chinois, a répondu avec ses mots limpides et profonds. Auteur de Métamorphose(s) et Cheminements : l’écho des poètes, publiés par La Route de la Soie – Éditions, il incarne une forme d’humanisme poétique, qui regarde le monde avec bienveillance et lucidité. Entre les deux hommes, un respect immédiat. Un silence habité. Une reconnaissance mutuelle.
Une maison d’édition comme artisan du dialogue
Derrière cette rencontre, il y a une conviction : la culture n’est pas un luxe, c’est un outil de diplomatie humaine. C’est ce que défend La Route de la Soie – Éditions, dont le nom même évoque cette volonté de relier les mondes, non par la domination ou l’influence, mais par l’échange, l’écoute, la traduction. Elle publie des textes qui ne visent pas à séduire les marchés, mais à ouvrir des fenêtres, à faire circuler les idées, à créer des espaces communs de pensée entre la Chine, l’Europe et l’Afrique.
La littérature, levier de coopération
Cette matinée du 11 avril n’était pas un simple événement culturel. C’était un acte de coopération symbolique. Une preuve que l’on peut construire des passerelles entre les imaginaires, favoriser la paix non par les traités mais par les récits partagés. Que les enjeux technologiques, écologiques, sociaux, sont des terrains communs, si on accepte de les penser ensemble.
Et que parfois, un poème ou un roman peut faire plus pour l’harmonie des peuples qu’un sommet diplomatique.